Après le cours d'histoire de l'art...[libre]

13h. Elle rentre en cours d'histoire de l'art. Elle est attentive. Ecoute, écrit, pense aux questions que se pose les artistes passés. Elle écoute bien. Et le professeur commence à poser des questions. Il sait pour sa voix. Il ne l'interrogera pas. Mais elle aimerait bien lui en poser, des questions.

"Mademoiselle, Demna? Alors, à quel époque appartient notre ami Friedrich? Hum?"

Elle le regarde, lui. Plus le tableau. Et il sourit. Oui, il sourit de son silence. Elle se sent bête. son sourire. Il aime ça. Elle commence à écrire.

"Mais c'est votre voix que je veux entendre... Alors?"

son sourire s'agrandit. Il se moque d'elle. elle ne répond pas. toujours pas. Elle en est incapable. Son incompréhension se mêle à sa colère. Et il continue de sourire, on voit ses dents à présent. Ils se fixent du regard, l'un plantant des couteaux dedans, l'autre les amortissant par le miel indélicat de la fausse compassion. Les mains se lèvent. ils savent eux aussi. arretez, le cauchemar, monsieur. Arretez tout...

"Et bien, votre silence est éloquent. Et pour tout vous dire, j'ai lu votre dossier. Pas un mot, hum...? Je n'y crois pas un seul instant. et les oraux? comment les avez vous passer? allons, on ne m'y prend pas. VOUS etes une fumiste, une inutile ici! Regardez vous! Qu'avez vous de plus qu'un enfant de maternelle? ALORS! Ma réponse! tout de suite!"

Elhone se lève. Lui s'approche de son pupitre. Elle est plus petite et plus frêle que lui, mais semble beaucoup plus en colère. Il s'arrete face à elle. Il se toise, et elle bouge les mains, son corps, ses yeux, sa bouche, et finit par un doigt d'honneur magistrale, qu'elle lui met juste en dessous du nez. Il lui attrape la main.

"Je vois que vous etes totalement à coté de la plaque, ma chère! Vous venez de..."

Une élève garde la main levée. une sule, qui semble etre présente. Le professeur l'ignore. Pas Elhone. La fille à comprit ce qu'elle a dit. Elle n'a besoin de rien de plus.

"Silence! Vous etes une attardée mentale! On devrait vous interner!"

Il y eu un silence. Un silence qui permi à elhone de se rappeler beaucoup de chose. Après un instant, elle sourit et enfonça son poing libre dans la machoire du dit professeur. Puis elle atrapa son sac, et le regarda de haut, à son tour.
"J'ai déjà été internée..." chuchota une petit voix d'enfant en sortant, qui se noya dans la phrase de l'élève comprennant le language des signes: " mes oraux, ducon, je les ai passé en parlant le language des signes, et j'ai eu la note maximal. Friedrich est mon peintre favori et il appartient au courant romantique allemand du XIX eme. Et je t'en****."

21H. Au bar.

Elhone n'était pas allée en cours. Elle avait flanée toute la journée, triste et heureuse à la fois. Elle savait ce qui l'attendait. elle ne voulait pas etre renvoyer. La musique hurlait. Elle aimait bien. assise dans un fauteuil, un coin sombre. Elle les regardait, se demandant quel verre elle allait prendre. Le rose, qui était légèrement félé, ou le vert, qui était un peu sale, au fond.Puis une silhouette s'approcha. elle observa cette silhouette, la dévisagea...

"Ouah ! Y a de l'ambiance ici ! C'est cool !"

Lysandre découvrait pour la première fois de sa vie une boîte de nuit, derrière sa partenaire de danses, tout sourire. Directement après les cours, alors qu'il pensait se reposer dans sa chambre, on l'avait traîné ici. Ca ne le dérangeait pas, et puis on lui avait dit que ça serait sympa.

"T'as raison, c'est super ici. C'est quoi cette musique ? J'aime bien ! Par contre, j'arriverais pas à danser dessus..."

"Mais si, c'est facile ! Lâche-toi, on est plus en cours !"

Cédant aux invitations et à l'appel du rythme, Lysandre commença à se dandiner sur la scène.

"C'est chouette toutes ses lumières ! Ca fait mal aux yeux, mais c'est chouette !"

De plus en plus entraîné, le jeune danseur se retrouva bientôt happé par la masse des corps déchaînés qui hurlaient autour de lui. Fermant les yeux et se laissant aller, il se retrouva on ne sait comment près du bar.

"Oh ! A boire ! Ca tombe bien, j'ai la bouche un peu sèche, maintenant. Alors, y a quoi..."

Bien vite, il se trouva quelque peu décontenancé par la variété de couleurs des verres. Que choisir, pour lui qui n'avait jamais bu que de l'eau ou du Coca ?

"Ah là là...si m'man me voyait..."

Lysandre rigola à cette idée. Ce fut à cet instant que son regard tomba sur une fille, juste à côté de lui. Elle le regardait depuis un coin sombre, et il ne distinguait pas grand chose de son visage. Mais il voyait ses yeux. Ses yeux qui brillaient...

"Ouahhh... T'as de supers beaux yeux ! On dirait ceux d'un chat !"

Il s'approcha tout près d'elle pour l'observer.

"Ils sont...bleus, c'est ça ? Ou verts, je sais pas trop ! En tout cas, ils sont vachement jolis. Ils me rappelle ceux de ma maman, tu sais ?"

Il lui fit un grand sourire, son regard d'enfant brillant de malice.

"Moi, c'est Lysandre ! Et toi, c'est quoi, ton petit nom ?"

Il MONOLOGUAIT. Voila ce qu'elle pense. Mais lorsqu'il lui demande son nom, il lui laisse un espace. Pour parler. Il est mal parti. Elle lui sourit, sort un petit carton. Un autre carton préparé. Pas le premier, pas le dernier. comme Misery lui a dit. Elle garde le silence, tend le morceau de papier qui fait la conversation à sa place. "Mon nom est Elhone. Et toi?".
Oh, le "et toi" ne devrait pas être de mise. Il s'apelle Lysandre. Elle l'a déjà vu danser. Plusieurs fois. Elle les déssine lorsqu'il danse. Lui, il dansait bien. Il a l'air moins niais quand il danse. C'est pas de sa faute. Elle le pense quand meme. Misery, derrière elle, lui chuchote de faire attention. Un homme est un homme. Elle entend sa voix autant que son souffle froid sur sa nuque. Elle aime bien. Il est là. elle n'a pas peur.
Le moulin à parole lit, et elle, elle sourit. Elhone lui montre le siège à côté d'elle. Misery surveille. Elle ne risque rien...

La fille resta silencieuse. Lysandre attendit, patiemment. C'était souvent comme ça : étrangement quand il finissait de parler, les gens étaient toujours étourdis par son flot de paroles. En général quelques secondes suffisaient pour qu'ils reprennent leurs esprits et lui crient "Mais ta gueule !". Il avait l'habitude, mais il ne penserait pas que ce serait le cas avec cette fille. Elle semblait un peu différente. Elle aussi était à la faculté. Il ne se souvenait plus dans quelle discipline, mais il était sûre de l'avoir déjà croisée quelque part.

Elle s'équipa d'un morceau de papier et se mit à écrire d'une main sûre et rapide, au grand étonnement de Lysandre. Elle ne voulait pas lui parler ? Elle avait des problèmes d'audition ? Flûte, il aurait bien voulu entendre sa voix. Il prit la feuille et lut. A voix haute.

"Elhone ? Mais c'est super joli, comme nom ! Et c'est très original. Je suis sûr que je pourrais passer toute ma vie sans rencontrer une autre Elhone. Ça vient d'où ? Nan, parce que c'est vraiment pas courant..."

Tout en parlant, il lui avait rendu son bout de papier. Et pendant qu'elle écrivait la réponse, il ajouta :

"Moi, mon nom est d'origine grecque. Ça vient d'un mot qui veut dire 'libérateur' je crois, mais je suis plus tout à fait sûr. En fait il n'est pas très approprié, y a peu de gens qui me considère comme un libérateur. Au contraire, c'est plutôt une libération quand je m'en vais. Je me demande bien pourquoi..."

Elle ne faisait pas attention à lui lorsqu'il parlait. Elle se contentait d'écrire. Le jeune danseur se tortillait les méninges pour se rappeler où il l'avait vu, mais rien à faire. Il remarqua bientôt une espèce de cicatrice sur le côté droit de son visage, qui partait de sa bouche. Il se demanda un instant ce que c'était, mais renonça (au prix d'un suprême effort) à lui poser la question. N'allons pas plus vite que la musique. Elle lui rendit le papier. Avant de lire la réponse, il ne put s'empêcher de la complimenter :

"J'adore ton écriture...Je t'ai déjà vu quelque part, non ?"

"Elhone ? Mais c'est super joli, comme nom ! Et c'est très original. Je suis sûr que je pourrais passer toute ma vie sans rencontrer une autre Elhone. Ça vient d'où ? Nan, parce que c'est vraiment pas courant..."

Elle écrivait pour lui répondre. Il semblait gentil. Niais, certes, mais gentil. Doux aussi. Pas comme les autres. Pas comme les vivants. Pour sûr, Elhone était un nom original. Il n'en rencontrait pas d'autre. Elle écrivait que c'était son père qui s'était inspiré de sa religion pour le lui donné. C'était de l'anglais. Elle n'irait pas plus loin. On ne dit que très rarement que le père nomme "Hell Honey" son enfant. La "douce" de l'enfer. Elle se disait que si un jour elle rencontrait son père paternelle, elle le tuerait. Non pas pour ce nom, mais pour cette malediction. Celle qui lui fait voir les "autres". "Ils" L'aiment. Et c'est de sa faute. A lui. Pas à elle.
Lysandre continue de parler. C'est un nom grec. Elle aime bien. Elle aussi, elle ne connaitra pas d'autre Lysandre. Il parle, parle, parle... Lui aussi. Il ne la juge pas. Ne la jauge pas. Elle se sent bien et étrange. Il a l'air trop gentil. Il voit la cicatrice. Ca ne lui échappe pas. A elle comme à lui. Mais il ne demande rien. Il est poli. Il a le droit de savoir. Elle écrit. Elle termine d'écrire et lui donne le papier.

"C'est mon père qui l'a trouvé. Ca vient de je sais pas trop où, mais appelle moi El'. Lysandre est un joli prénom. J'aime bien quand tu parles. Ca change de ce que les gens disent, c'est amusant. Je t'ai déjà vu danser, tu te débrouille bien! 'Suis dans la classe de dessin appliués, on prend des croquis de vous, parfois. Et si ça t'interesse, mon agrandissement bucal vient d'une bagarre d'il y a bien des années. Je n'ai plus mal, mais il y a un suivi. Pourquoi tu es là?"

Avant de lire, il lui parle. "J'adore ton écriture...Je t'ai déjà vu quelque part, non ?". Elle lui a répondu dans le message. Elle attend sa réponse.

Lysandre récupère le papier et lit de nouveau à voix haute. Et il sourit.

"Tiens ! Des compliments, ça faisait longtemps ! Depuis que je suis arrivé ici, t'es la seule personne qui m'ait dit un truc gentil. Ca fait plaisir ! En général les autres ont plutôt tendance à me dire "Ta gueule !". C'est pas très pratique pour se faire des amis. La moitié des gens de mon cours m'évitent, maintenant. Y a que ma partenaire qui me supporte, et encore..."

Il jeta un regard rapide sur la salle bondée, cherchant les élèves de sa classe. Il les entr'aperçut bientôt au milieu de la piste de danse. Ladite partenaire était fort occupée à rouler un patin de compétition à un type en t-shirt moulant, pendant que celui-ci la pelotait copieusement.

"Ça va, ils s'en sortent très bien sans moi."

Rejetant un œil à la suite du message, il poussa un exclamation victorieuse en arrivant vers la fin.

"Mais bien sûr !! C'est au cours de danse que je t'ai vu ! C'est vrai que vous êtes là de temps en temps à nous dessiner. Vous avez l'air hyper concentrés, ça fait bizarre de voir des gens immobiles pendant qu'on est en mouvement. Moi ça me dérange pas. C'est sûrement un bon exercice pour vous alors je suis heureux de rendre service. Mais ma partenaire, ça la rend moins efficace. Elle arrête pas de vérifier si vous la regardez, elle fait plus attention, on perd le rythme et à la fin elle m'engueule."

Il a dit ça sans aucun reproche. Juste un constat blasé. C'est normal qu'on l'engueule puis qu'il énerve tout le monde en parlant sans arrêt. Il fut un peu étonné au sujet de la cicatrice.

"C'est vraiment stupide de te faire ça. Pourquoi se bagarrer alors que le plus souvent, il suffit de parler pour se mettre d'accord..."

C'est un pro qui parle.

"Oh, moi c'est ma partenaire qui m'a amené ici. Elle est venu me voir à la fin du cours en me disant que je lui faisais pitié, qu'ils allaient en boîte ce soir avec les copains et que si ça pouvait me rendre un peu moins con, elle aurait fait sa bonne action du jour. J'avais pas plus l'impression que ça d'être con, pourtant... Et toi ? Pourquoi tu es là ?"

"C'est vraiment stupide de te faire ça. Pourquoi se bagarrer alors que le plus souvent, il suffit de parler pour se mettre d'accord..."

Elle est d'accord sur ce point. Elle lui répond sur le papier. couche quelques mots. Sa partenaire de danse est une idiote. Enfin, elle en a l'air. On embrasse pas les gens comme ça. Ca doit venir du coeur... Et surtout, Elhone ne comprend pas. Pourquoi il se comporte comme des animaux? Une réponse lui vient. On nait comme on est après tout. Elle avait elle aussi des rapports fort étranges avec les gens. Sauf avec "eux". Et surtout Misery. Grand frère. Protecteur. Lys' ne le voyait pas. Tant mieux, tant pis. Lui, il aurait compris. Il en aurait eu l'air, en tout cas. Elle écrit. "Si tu avais vu le grand malabar, tu aurais compris que ses muscles parlait plus que sa bouche." Comme elle. Elle ne le dit pas. " Qu'est ce que tu fais là, alors?". Il continue.

"Oh, moi c'est ma partenaire qui m'a amené ici. Elle est venu me voir à la fin du cours en me disant que je lui faisais pitié, qu'ils allaient en boîte ce soir avec les copains et que si ça pouvait me rendre un peu moins con, elle aurait fait sa bonne action du jour. J'avais pas plus l'impression que ça d'être con, pourtant... Et toi ? Pourquoi tu es là ?"

El' hésite à lui raconter sa mésaventure. Que dire en vérité? son prof est mauvais, il la cherche et se moque, elle se défend. Elle n'aurait pas dû. Ses yeux s'assombrissent. Elle le hait. Ce sale prof sadique. Et elle reprend une expression normal. Misery vient de lui souffler à nouveau dans le cou.

"en faite, c'est une assez longue histoire, pour faire simple, je me suis pouillé avec un prof, et suffisamment pour ne pas vouloir rentrer tout de suite à l'internat. Alors je comptais rester un peu ici et regarder les autres danser. Je t'offre un pot, ou bien?"

Lysandre hoche la tête avec conviction.

"C'est vrai qu'il y a pas mal de types musclés qui se croient les rois du monde parce qu'ils sont taillés comme des frigos. J'en ai rencontré quelques uns moi aussi et je me suis fait frappé, même si ce n'était pas aussi grave que toi. Mais ce n'est pas avec des gros biceps ou une belle paire de seins qu'on avance dans la vie, c'est pour ce qu'on a dans la tête. Enfin, j'aimerais bien que ce soit comme ça... Je ne me fait pas trop d'illusions non plus !"

Il sourit un peu en voyant ce qu'Elhone a écrit au sujet de sa partenaire. Pauvre Lila !

"Oh, il ne faut pas trop lui jeter la pierre non plus, elle est comme elle est. Je sais bien qu'elle me trouve stupide et qu'elle reste avec moi uniquement parce que je danse bien, mais je ne lui en veut pas. Elle aussi ne se débrouille pas trop mal, elle arrive à être très sensuelle quand elle veut. Je suppose que c'est l'habitude de ce genre de situations..."

En effet, un nouveau coup d'oeil vers elle lui apprend que la soirée à de grandes chances de finir à l'arrière d'une voiture sur un parking désert. Mais il garde cette pensée pour lui et continue de lire le papier. L'histoire avec le prof l'intrigue.

"Pouillé ? Il t'a fait une crasse ou un truc comme ça ? J'en entends quelques unes sur ce prof d'arts plastiques. En général je n'y fait pas trop attention parce que je préfère juger par moi-m^me, mais il n'a pas la réputation d'être très sympathique. Lui dire ce que tu pensais n'était peut-être pas la meilleure chose à faire, mais bon maintenant c'est fait. Et puis ça prouve que tu as du courage. C'est important le courage aussi..."

La suite du message réveille son enthousiasme.

"Oh ouais ! C'est drôlement sympa de le proposer parce que je ne savais vraiment pas quoi prendre quand je t'ai aperçu tout à l'heure. C'est joli toutes ces couleurs, mais pour savoir ce qu'il y a là-dedans après, c'est un peu plus compliqué. Je te laisse choisir ? OU peut-être que tu veux que j'y aille ce sera peut-être plus pratique. Enfin, comme tu veux, c'est tout bon..."

"Oh ouais ! C'est drôlement sympa de le proposer parce que je ne savais vraiment pas quoi prendre quand je t'ai aperçu tout à l'heure. C'est joli toutes ces couleurs, mais pour savoir ce qu'il y a là-dedans après, c'est un peu plus compliqué. Je te laisse choisir ? OU peut-être que tu veux que j'y aille ce sera peut-être plus pratique. Enfin, comme tu veux, c'est tout bon..."

En effet, ce serait plus pratique. Elle lui tend le papier. Il lit, il sourit, semble se diriger vers le bar. "Oui, va y plutot, ce sera plus simple niveau communication; dit lui de nous donnez les verres orange et bleue cyan, veux tu? Je crains qu'il ne nous destine les pots cassés. Et aussi, je te laisse choisir les boissons. Evite l'alcool, c'est tout."
C'est clair, c'est simple. Il devrait comprendre. Et elle? Misery lui souffle dans le cou alors qu'il s'éloigne. Lui fait un baiser sur la joue. Elle sent le froid. Doux, comme la caresse d'un monstre. Son monstre lui dit qu'elle n'a pas interet à trop en faire. Il est gentil, mais confiance est maitre mot de trahison. Elle ira peut-être danser un peu, après. Se meler au autre, les sentir, si proche et si lointain. si lointain...
Elle regarde Lysandre parler. Il parle tout le temps, de toute façon. Toujours. Les oreilles d'Elhone sont attentives. A défaut de parler, elle écoute et attend. Et ses yeux se reposent sur la partenaire de danse. Belle, bonne, conne. Jalouse? Non, certainement pas. On ne peut pas être jalouse , plutot triste. Oui, cette fille... Elle est vide. Et en agissant ainsi elle comble le vide qui la submerge. Elhone se dit que c'est préférable à une tumeur cérébrale. Et elle attend. Attend, Lysandre.

Lysandre reprend le petit papier.

"Orange et cyan, pas d'alcool. Ok !"

Et le petit danseur s'éloigna la fleur au fusil, partant fièrement à la conquête de la boisson. Il s'approche du bar et penche son visage vers les verres.

"Alors...euh..."

Problème : l'alcool. Comment évite-t-on un truc dont on ignore jusqu'à l'odeur ? Perplexe, Lysandre gratta un instant ses boucles rousses. Que faire ? Un regard vers Elhone le décide.

"Allez, elle compte sur moi. Euh, bon... les verres déjà. Orange et cyan... ok, ça c'est bon ! Et maintenant, qu'est-ce qu'on va mettre dedans ? Euh... s'il vous plaît ?"

Le barman se retourne vers lui, avec un sourire charmeur de circonstance. Lysandre préfère penser qu'il le fait à tous les clients.

"Et qu'est-ce que ce sera pour toi, ma jolie ?"

"Euh... j'en sais trop rien. Ah si ! Pas d'alcool, c'est ce qu'elle m'a dit. C'est vrai que ça risque d'être coton après si je ne le tiens pas. J'ai déjà vu des mecs bourrés, et bah c'est pas marrant... Mais je sais pas si vous avez des trucs pas trop fort genre... de l'eau ou du thé ça serait peut-être pas mal. Du Coca aussi, même si j'aime pas trop les bulles..."

Le barman hoche la tête en rythme avec la musique. Lysandre n'est même pas sûr qu'il ait entendu ce qu'il ait dit. Il va falloir se débrouiller seul. Il regarde les bouteilles alignés derrière le comptoir et finit par tendre le doigt vers l'une d'elle.

"Un peu de ça, s'il vous plaît. Après tout, si c'est aux fruits, ça ne peut pas faire de mal..."

En effet, on peut lire sur l'étiquette : Drouchka, Liqueur de prunes, importation : Bosnie. Le barman remplit les deux verres et Lysandre revient, tout fier vers Elhone.

"Ouf ! Mission accomplie. Le barman est très bizarre, j'ai l'impression qu'il est un peu attaqué, il m'a appelé "ma jolie". Enfin, l'important c'est que j'ai réussi à nous trouver à boire. Tiens, à la tienne !"

Et sans attendre, Lysandre vide son shooter d'une traite...avant de devenir aussi rouge que ses cheveux.

"Ouh...la vache..."

Pour le coup, il en a le sifflet coupé.

"Ouf ! Mission accomplie. Le barman est très bizarre, j'ai l'impression qu'il est un peu attaqué, il m'a appelé "ma jolie". Enfin, l'important c'est que j'ai réussi à nous trouver à boire. Tiens, à la tienne !"

Et un verre cul-sec. Elhone sent le monde changé, tandis que sa gorge prend feu. Ca tourne, ça roule, ça se bouscule. La musique est plus forte. Elle a chaud. Un regard vers Lysandre lui indique qu' il a le même problème. Problème? Mais y en a pas, qu'est ce qu'elle raconte. Tout baigne, tout danse. Elle regarde Lysandre, n'entend pas, ne voit pas Misery se pencher sur son verre et renifler celui-ci en disant "oh le con! Il a prie du lourd". Elle voit plein de couleur, qu'elle ajoutera à sa palette lorsqu'elle sera de nouveau sobre, ce qui n'est pas près d'arrivée. Lysandre, elle, ils se regardent, convaincus. Elle attrape à nouveau son verre, le fini, et toujours en regardant son interlocuteur, elle ouvre la bouche et...

"Gnöleuh!'"

Son premier mot de la soirée, mode torchée! Ses yeux semblent ailleurs, et Misery ne peut plus rien pour elle. Elle n'a pas peur, elle sourit, même. El' se lève, titube, attrape la main du danseur et lui propose sans parler pour autant de venir justement se dandiner sur la piste. L'étudiante en art voit les lumières défilées, commence à se bouger le popotin, les hanches, les bras. La musique hurle, elle regarde le roux. Comment il s'appelle déjà... Elle ne sait plus. Derrière elle, il y a la partenaire de celui ci. Elhone la jauge de bas en haut, enfin, avec des zigzag, et se dit qu'elle est vraiment bien foutu. Mais elle doit pas être de ce bord là. Tant pis. A droite, il y a un blond avec une brune... Et ses yeux retombe sur Lys'. Elle danse. Elle est bien.

"Ouh....y fait chaud...ça tourne...j'vais tomber..."

En effet, tout est en mouvement autour de Lysandre. Les danseurs évidemment, mais aussi le plancher, les murs, le plafonds, les spots. Rien ne reste à sa place plus d'une seconde. C'est pas l'idéal.

"C'est bizarre, d'habitude je tiens mieux le jus de fruits que ça, quand même...pas au point d'en arriver là.... Et toi, Elhode ? Enfin....Elheune...euh...raaah, flûte je sais plus....ça va où tu...hein ? Qu'est-ce que tu dis ?....hé, mais...mais où tu vas ?"

Il croit la voir se lever et marcher jusqu'au milieu de la piste. Ou peut-être plus à gauche. Non au-dessus, en fait. Ah bon ? Etrange. Il la suit pour être sûr. Et en effet...

"Ou....ouah ! Ca alors, c'est bizarre... Tu...tu flottes carrément au...au... odezu du zol !"

Elle se met à danser. Elle danse bien. Très bien. Dans la lumière des spots et les vapeurs de l'alcool, elle lui semble magnifique. Divine. Ses traits se confondent avec ceux de sa partenaire, Lila, qui se trouve non loin. Là. Maintenant, elle est parfaite.

"Je...je zui...en train de rêver...zébo... Danze encore un peu, Elh...euh...Elhi, c'est ça ? Ouais...commza...plus...plus zenzuelles, tes hanches...lààà....voilààà...zébien, Elhi...Lila..."

Lysandre la regarde. Il est bien, maintenant. Il reste immobile, se laisse bousculer par les autres. Il ne fait que regarder Elhone devant lui, qui danse et qui danse.... jusqu'à ce que....

"Euh ? Zébizarre...Pourquoi je vois tout d'en bas, maintenant ? Râââh naaan ! Zépavrai ! Je...je zui pas ozi petit...d'habitude... Hé. Hé ! Mais...faitattenzion ! Je zui endzou ! Me...me marchez pas dzuuuu !!"

Lysandre parvient à se relever, tant bien que mal. Ça tourne moins et il arrive à garder l'équilibre.

"Bon...j'ai mon compte, moi..."

Il s'approche d'Elhone et la prend par l'épaule.

"Elhi ? Je...je vais rentrer, moi... Et toi ? Ca va aller ?...Y...y fait peut-être qu'on te raccompagne, non ?"

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